Eglise romane de Tohogne

 - pêle-mêle

 (La Seigneurie de Tohogne)

 

Les détenteurs de la Seigneurie de Tohogne, du XIIIe au XVIIIe siècle

 

Prénotes et sources principales

Notre point de vue est très précis. Il ne s’agit nullement de s’étendre sur les familles qui ont détenu ce fief : ce serait démesuré et celui qui veut étudier ces anciennes et immences familles sera bien courageux. Il est vrai par ailleurs que le terrain a déjà été assez bien débroussaillé et éclairé par le Dr Thiry, dans son Histoire d’Aywaille en deux gros volumes, qui contient des documents sur bien au-delà d’Aywaille. Passer des premiers hommes de fief de Tohogne aux Briffoz n’est pas chose aisée : plus d’un ont commis, sur ce point, de grosses erreurs. C’est cette transition surtout que l’on voudrait bien baliser.

Un crayon généalogique sérieux a été dressé qui éclaire de façon certaine — nous le pensons du moins — le fil parfois ténu, mais solide, du passage de ce fief de Tohogne depuis le XIIIe siècle, avec les « de Tohogne » suivis des Briffoz et des « de Presseux », jusqu’au XVIIIe siècle.

A côté de l’ouvrage susdit du Dr Thiry, il faut citer d’autres sources : Institutions Stavelotaines, notamment Reg. 55, 58 et passim. A voir aussi : les classiques volumes de Grob et Vannerus sur les archives luxembourgeoises. Les 2 volumes de Halkin et Roland sur Stavelot. Idem les publications des Archives de Bernardfagne, du Val-St-Lambert. Les Mélanges Rousseau, Brux. 1958, pp. 321-348. Tous classiques indispensables. A voir aussi, un travail toujours valable, très clair et solide : A . de Rijckel, dans Bull. de Soc. d’Hist. du diocèse de Liège : T. IX, année 1895, p. 10 et sq.

LES PREMIERS FEODAUX DE TOHOGNE

 

Le rôle joué par cette famille très ancienne fut assez considérable, selon les premiers renseignements d’archives dès le XIIIe siècle, non seulement à Tohogne, mais dans la région de l’Ourthe et de l’Amblève et dans la haute Ardenne liégeoise. Cela au point que le chroniqueur… un peu fantaisiste du XIVe siècle, Jean d’Outremeuse, en parle dans une relation à laquelle nous ne pouvons attacher grande importance au point de vue strictement historique. Citons un passage à titre de curiosité et qui, tout de même, est un certain reflet du renom dont cette famille jouissait à l’époque de sa facture : « … l’an VIII et LXVI (844) chis contes de Laroche envoient lettre à Ogier de Liége qu’il il plaise li à socorir ly danois e fut mie, mains Henri de Solongne, Robert Hozémont et Abris de Thohongne… et li nobles barons qui entendent le fait s’en furent mult dolens… ». Que firent-ils exactement en réponse à cet appel au secours de l’évêque de Liège Ogier contre les Danois ? C’est le même chroniqueur qui écrit : « … l’an VI et LXVI (666) fut fondée Uffex (Ouffet), Okiers, Thohongne et Barveau si les fondat ly sire de Revongne… ». Cet auteur est spécialiste de ces franges historiques en Histoire ! N’y voyons qu’un témoignage de l’ancienne renommée de ces familles et localités nommées.

Tenons-nous en seulement aux témoignages historiques sérieux des archives publiées. Le fait est solide que, dans la région, les paroisses d’Ocquier et de Tohogne sont parmi les plus anciennes fondations de l’abbaye de Stavelot, très probablement du VIIe siècle, suivies de très près par Xhignesse. Voici donc quelques renseignements d’archives intéressant nos « de Tohogne ». Citons quelques noms parmi les cités des Cartulaires et des Records de quelques abbayes et le rôle joué par ces premiers hommes de fief.

— En 1256, le 6 novembre, Robert, abbé de Neufmoustier-lez-Huy, déclare que Gilles Adam et Lambert de Tohongne ont renoncé en faveur de l’abbaye du Val-St-Lambert à tout droit sur les bois de Harre et du Fainage.

— En 1259, Wéry de Tohongne affirme ses droits sur le bois de My, contre Bernardfagne (l’actuel St-Roch, anc. Abbaye de Guillemites, fondée en 1159).

— En 1287, Henri de Tohongne se voit notifier officiellement (le 1er avril) le fait que Gilles, abbé de Stavelot, en qualité de seigneur souverain, a rendu sentence entre le monastère de Bernardfagne et Godefroid Taillefer au sujet des bois de My et qu’«il agreit ossi et approuveit expressement le don et la recognissance ke Henri dits de Tohongne at donneit, faicte et jureit a tenir alle maison de Bernardfaing souvendite et à frerez la demorans à tous jours, par devant l’official de Liége en si cour il est contenant ens instr… ki faict en sont… » Cat. Stav. II n° 359.

— En mars 1292, Gérard de Luxembourg est accusé de s’être emparé par violence des bois et de la ferme de Harre. On connaît la rapacité de ce comte de Durbuy ! D’où intervention de l’official de Reims, du Pape même. Gérard est assigné « à vingtaine ». Et finalement, en 1296, Gérard fait… donation (sic !) de ces bois au Val-St-Lambert. Dans la suite, sur même sujet, on fait appel au témoignage de « Everar de Tohoingne » contre de nouvelles violations de ces bois de Harre et du Fainage, par les gens du seigneur de Durbuy. L’archevêque s’en mêlant, Gérard de D . capitule. – Même année, il est encore question de cet Everar de Tohogne, lors de l’échéance générale annuelle des dûs au comte de Durbuy ; en ce relevé annuel dressé par les échevins de la haute cour de Durbuy, il est stipulé : « Ce qui va fors par an dou grains de la terre de Durbuy : Premier à Everard de Tohoingne . C’our li doit pour héritablement son fief : espeate, 12 muis qu’i prent à la dime de Heiz ».

— En 1330, un canonicat est conféré, avec attente de prébende, à St-Martin de Liège… « nobilitatis genere » à « Henrico nato Henrici de Tohogne » (Henri, fils de Henri de T.). (Reg. d’Avignon, 37, Fol. 376).

— En 1349, est publiée une ordonnance devant la cour féodale de Durbuy. Dans la liste des 15 hommes de cette cour, il y a : Wiris de Tohogne. Le même « Wyri » paraît, en 1336, lors de la création d’une cour allodiale à Ocquier, dans les série des « hommes de fieus et féaux »… : Warnier de T. et Wyri de T.

— En 1360 (Cart. Stav., p. 299), le 17 novembre, une commission de quatre enquéreurs-arbitres est créée pour juger du droit de gîte du duc de Luxembourg en tant qu’avoué de l’abbaye de Stavelot ; deux hommes sont désignés par chaque partie : le chapitre de Stavelot et le duc de Luxembourg. Pour Durbuy : c’est Jean Kaye et « Henris de Thohogne ». Il est décidé que le duc de Luxembourg a le droit de gîte et une redevance de cire pour son avouerie, et ce à Odeigne et à Pironster.

— En 1372, Ernot (alias Warnot ou Warnier) de Tohogne, fils de Géris (ou Géry, Wéry) de Tohogne, relève de la cour de Playe. Il est le neveu de Warnot I ou Warnier I.

— En 1390, confirmation d’exemption des droits aux bois de Harre et Fainage, avec « Gilles Briffo et Wateles de Tohogne », tous deux échevins de la Cour de Durbuy.

On le voit donc, ces « de Tohogne » étaient des féodaux assez notables et impliqués dans l’entourage des abbayes de Stavelot et de Bernardfagne comme aussi dans les rouages du comté de Durbuy et de la cour allodiale d’Ocquier. Nous reportant au crayon-synoptique des détenteurs de la seigneurie de Tohogne (et de quelques autres à l’occasion et parallèlement, cf.), il est clair que cette seigneurie fut détenue de temps immémorial, probablement dès le XIIe siècle, par les aïeux de Wéri de Toh. (cité en 1254). Henri de T. (cité en 1282, 1287) la laissa à son fils Warnier (I) de Toh. (ou Ernot), frère de Wéry (ou Géry) de Toh. Et du chanoine Henri de Tohogne. Intronisé en 1330 à Saint-Martin en Liège.

Ce Warnier (I) de Toh. (c. 1336) eut un fils qui devint un personnage important : Wauthier de Toh. (appelé également Wateles, Vathier, Watelet, Wathy, Gathier…). Il épousa Marie BRIFFOZ (veuve en 1401) qui lui donna deux enfants : Warnier de Toh. et Marie de Tohogne. Wauthier de Toh. fut seigneur de Toh. ; de plus, il fut châtelain de Logne, et « échevin de Durbuy » en même temps que Giloteau Briffoz, son beau-père ; de plus, après la mort de son beau-père Jehan de Briffoz, il détint la mairie de Xhignesse et Hamoir, qui est plein-fief (en 1393) où il releva 11 muids d’épeautre, héritables de plein droit, se réservant les « humiers de D-elle sa mère ».

Wauthier de Tohogne et Marie Briffoz eurent deux enfants :

—  Warnier de Tohogne qui devint maïeur de Xhignesse-Hamoir (1401-1406), droits qu'il tenait de son grand-père Jehan Briffoz. Décédé sans héritiers, il laissa ses biens et droits à sa sœur :

— Marie de Tohogne. Elle épousa : Olivier de Chaineux, puis en 1430 au plus tard, le jeune Jean de Villers, fils du vieux seigneur Jean de Villers-aux-Tours et frère de Guillaume de Villers qui avait épousé Laure Briffoz, appelée surtout Laure de La Chapelle, du nom féodal de sa mère, Damoiselle Lar (ou Laurette) qui était sœur d’Everar « de Jeneret », de la famille des Boneffe de Jupleu (c. 1393).

C’est comme fille de Marie Briffoz et petite-fille de Jehan Briffoz qu’elle est citée dans un relief de 1417, relatif à la mairie de Xhignesse-Hamoir, « comme la plus proïsme du côté de Johan Briffoz » titulaire antérieur de cette rente. A noter que c’est à ce titre aussi qu’elle transmit ces droits de Xhignesse-Hamoir à un « Jean Briffo de Huy » qui descend certainement d’un autre fils de notre Jehan Briffoz de quo supra. Marie de Tohogne mourut sans enfant (av. 1430) après avoir été deux fois veuve. Ainsi s’éteignit à Tohogne la vieille branche seigneuriale de… et détenant Tohogne depuis plus de deux cent ans.

COMMENT CETTE TERRE PASSA AUX BRIFFOZ

 

Le passage de Tohogne dans la famille Briffoz au départ de Marie de Tohogne décédée sans héritiers de sa famille paternelle aboutit à son seul cousin germain Warnier (II) Briffoz d’Ouffet, fils de Collet ou Nicolas, frère de sa mère à elle appelée aussi Marie.

Deux Marie-charnières : l’aînée, Marie Briffoz qui scelle les deux familles, et Marie de Tohogne qui scelle les deux fiefs dans la famille Briffoz dans la personne de Warnier (II) Briffoz, fils unique de l’unique descendant du grand mariage de Johan Briffoz avec Damoiselle Lar (ou Laure) de la famille des de Boneffe de Jupleu, dit surtout « de La Chapelle », nom féodal emprunté à la seigneurie, relevant de Limbourg et démarquée d’Esneux par le ruisseau de ce nom « La Chapelle ». Ce Warnier Briffoz se fiança en 1436 avec Marie, fille de Robert de Moege, écuyer et de Marie de Cyplet. Lors de ses fiançailles, Guillaume de Villers, son oncle, lui fait report d’un fief à Hody (Inst. Stav., Reg. 58, fol. 84 v° et Reg. 59, folio 130). C’est ainsi le premier Briffoz à être seigneur de Villers-aux-Tours, après le décès de Laure de La Chapelle, épouse de Guillaume de Villers (1454). Il hérita également de Jeneret, en 1456, à la suite du décès de ladite Laurette de La Chapelle, et en 1460. Si bien que ce Warnier (II) Briffoz est devenu, à la fois et coup sur coup, le premier Briffoz qui fut seigneur de Villers-aux-Tours et seigneur deTohogne, de Jenneret et d’un fief à Hony. Il vivait encore en 1462.

Son fils Nicolas (ou Collet) Briffoz fut également, sans histoire, le seigneur de Villers-aux-Tours et de Tohogne. On l’a dit marié à une… Suwette de My, mais c’est suspect ! On connaît de lui quatre enfants :

— Anne, dame de My en partie, épousa Corbeau, dit de Deulin, fils de Staskin de Hamal et de Marie de My. Il est mort en 1555.

— Warnot (III) Briffoz, cité en 1512, 1520, épousa N. Bovez. Deux enfants en sont nés : Nicolas Briffoz (c. 1530, 1548) et Warnier (IV) Briffoz à qui échut Villers-aux-Tours. Il est mort en 1604.

— Jeanne Briffoz qui épousa Nicolas de Neufforge, maïeur d’Aywaille.

— Et alors une autre Marie, la troisième « Marie-charnière » entre les Briffoz et les de Presseux comme détenteurs de Tohogne. On l’appelait « Dame de Tohogne », ayant épousé l’écuyer Godefroid de Presseux. C’est à cette nouvelle famille qu’appartiendra désormais le « bien » de Tohogne jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. La « grande » Marie Briffoz devint veuve le 7 mars 1517.

LES DE PRESSEUX

 

A l’époque où Marie Briffoz devint la grande « Dame de Tohogne », toute la région liégeoise et condrusienne était troublée par une querelle tristement célèbre, suscitée par la fameuse famille des de La Marck contre les archiducaux et autres groupes armés réguliers. A Liège même, le prince-évêque n’était pas très sûr de ses bourgmaîtres et, pendant des décades, des luttes sanguinaires rougissent le sol de nos campagnes, saccagent nombre de hameaux et de petites installations de l’industrie du fer notamment. Ruines et deuils parmi lesquels nous épinglerons seulement la sanglante bataille de Tohogne, le 3 avril 1490, où le fameux Jeannot le Bâtard, de la famille des La Marck, fut tué. Les hostilités reprirent bientôt et ne se terminèrent que par un rude coup porté à la coalition puissante contre les La Marck et leurs troupes occupant la forteresse de Logne ; les alentours furent ravagés et pillés, les tirs de l’« artillerie » furent souvent rectifiés… et finalement, le 1er mai 1521, les La Marck se rendirent sans condition ; aux créneaux du fort, pendaient 22 cadavres, le restant de la garnison. Logne fut rendu à l’abbaye de Stavelot-Malmedy tandis que le combat se porta dans le Sud-Luxembourg pour déloger les fameux La Marck de leurs châteaux de Florenville, Jametz, etc.

On ne sait trop quelle fut l’attitude des Briffoz dans toute cette affaire. Toujours est-il que notre Marie Briffoz épousa Godefroid de Presseux, écuyer, qui mourut en 1517, fils d’Englebert de Presseux et de Jeanne de La Marck ; cette dernière étant fille de Godefroid de La Marck d’Arenberg et de Marie de Monjardin. De ce mariage naquirent 4 filles et 4 garçons dont : Englebert de Presseux qui épousa Marguerite de Wal et un autre Godefroid qui devint abbé d’Orval de 1530 à 1540. L’aîné des garçons, Godefroid de Presseux, devint seigneur de Tohogne et épousa Catherine d’Awan, dite de Vaux.

Fils de Godefroid, c’est Jean de Presseux qui hérita de la seigneurie de Tohogne et épousa Agnès Hoen de Hoensbroeck. Sa sœur, notons seulement cela, Elisabeth de Presseux épouse Georges de Verderenne (dont la fille Antoinette se maria avec l’héritier de l’ancienne famille des de Longueville, Henri de Longueville, dont la fille Marie devint femme de Robert Tazeau, né à Assesse vers 1600, ancêtre de presque tous les Tasia (Thésia, etc.) de la région d’Ocquier et de Tohogne).

Un autre Godefroid, fils de Jean de Presseux, devint chef du bien foncier de la seigneurie de Tohogne. Comme par hasard, il épousa Hélène de Longueville, du très ancien lignage voisin et riche…

Pierre de Presseux succéda à son père à Tohogne. Sa femme est Anne de Flecquier. Ils eurent deux fils et six filles. L’un des fils, Godefroid (° 23-9-1673), devint prêtre et bénéficier de l’autel Saint-Sébastien. La quatrième des filles, Anne Catherine (° 31-12-1676), épousa Jean Magis le 21-5-1710 . De 1711 à 1719, ils eurent un fils et quatre filles. Un fils (Jean-Pierre) et une fille (Marie Catherine) épousèrent des Le Cocquay. Les prénoms des trois autres filles sont : Barbe, Marie Hélène Françoise et Jeanne.

Les deux femmes Magis ayant épousé des Ninane (renseignées au bas de l’arbre), ne sont pas les descendantes directes du couple Magis-de Presseux. La première, Anne-Marie (° 27-8-1745) qui épousa Léonard Joseph Ninane, est la fille de Jacques Magis et de Marguerite Herbeto. La seconde, Charlotte Ursule (° 13-3-1754) qui épousa Henri Joseph Ninane est la fille de Jean Magis et de Marie Foulon.

Si nous pouvons rattacher les deux fils Ninane aux Tazeau-de Longueville, nous ne pouvons pas rattacher leurs épouses aux Magis-de Presseux.

Ainsi donc se termine, solidement éclairée cette fois…, la succession, depuis le XIIIe siècle jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, de tous les détenteurs de la seigneurie ancienne de Tohogne. Et cela grâce à la lumière faite sur les trois cessions successives dues elles-mêmes au jeu de nos trois Marie-charnières : Marie de Tohogne, Marie Briffoz et « dame Marie Briffoz »  de Tohogne.

Voici la généalogie simplifiée des détenteurs de la Seigneurie de Tohogne du XIIIe au XVIIIe s. (sur ce site) .

Idem (sur le site Généanet - inscription gratuite nécessaire) .

 

ET APRES ?… LE PATRONYME « DE TOHOGNE »

 

Qu’advint-il de ce nom à la mort des deux enfants du ménage Wauthier de Tohogne / Marie Briffoz (la première), celle-ci étant veuve depuis 1401 : Warnier (II) de Tohogne et Marie de Tohogne, tous deux morts sans descendance, donc vers 1450. Le patronyme persista dans la descendance de Tohogne des XIIIe et XIVe siècles, latéralement à cette branche tohogoise dont nous avons écrit. Question posée uniquement par curiosité. Dans ceux dont nous avons cité les noms avant Warnier de Tohogne (cité en 1336), nous en voyons pas mal qui sont, par profession sinon par domicile effectif, imbriqués dans des affaires assez importantes aux confins des régions Sud-Liège et Nord-Luxembourg, et en relations d’affaires ou de droit avec les deux abbayes de Stavelot-Malmedy et de Bernardfagne. Leurs descendants semblent avoir subi les mêmes lignes d’occupation sociale.

A titre d’exemple, sans souci d’exhaustivité ni même d’outrée curiosité, épinglons simplement ce que le hasard des lectures nous a appris :

— En 1459, le 20 octobre, il y a un Notaire Jean de Tohogne, à Ferrières où il établit le record officiel des droits du Chapitre de Stavelot à Ferrières.

— En 1463, on célèbre le grand mariage de Waleran de Limbourg, paroissien de Limbourg-Dolhain, avec Jeanne de Tohogne, fille légitime de Jean de Tohogne, maïeur de Malmedy, et veuve de Wéry (!) de Tohogne, paroissiens de Stavelot.

— En 1597, naissance à Villaimont, de François de Tohogne, qui deviendra religieux à Waulsort (c. 1629-1642). Ensuite, rien que des prêtres…

— En 1624, un curé de Behogne, appelé « Laurent de Tohongne, pasteur de Behongne » rédige un acte de vente des biens d’un « messire vénérable Loys Gathot » à Houyet.

— Un Nicolas de Tohogne (A.I.A.L. T. XLVI, p. 129) est chapelain castral à Villemont (Tintigny) de 1626 à 1658.

Il y en eut sûrement d’autres. Le dernier cité est-il le dernier des de Tohogne ?… Qui le sait ou le saura… le dise !

G.-J. NINANE

(étude publiée dans « Les Annonces de l’Ourthe » le 12-08-1977 et dans le bulletin historique « Terre de Durbuy » n° 80 de décembre 2001- Articlé corrigé par Jean Ninane dans « Terre de Durbuy » n° 83 de septembre 2002)

 

 

 

 

Pierre-François de Nonancourt de Tohogne

Prévôt de Durbuy de 1719 à 1746

 

Pierre-François de Nonancourt, fils de Henri-François de Nonancourt, écuyer, seigneur de Lignières, et de Catherine-Françoise de Monin, naît à Lignières, l’un des quatre bans de Laroche, le 27 juillet 1679 (1).

Il est petit-fils de Henri-François-Adrien de Nonancourt, seigneur de Pouilly et de Luzy, et de Catherine-Françoise de Monin (fille de Louis de Monin, seigneur de Rendeux et de Françoise de Samrée) (2) (*).

Plan du centre du village de Tohogne en 1842. En haut, au milieu, l’ancienne ferme seigneuriale. L’aile gauche est plus courte qu’à présent et un bâtiment (à présent disparu) est représenté au milieu de l’entrée de la cour. (Atlas des communications vicinales)

Plan du centre du village de Tohogne en 1842. En haut, au milieu, l’ancienne ferme seigneuriale. L’aile gauche est plus courte qu’à présent et un bâtiment (à présent disparu) est représenté au milieu de l’entrée de la cour. (Atlas des communications vicinales)


Il épouse à Durbuy, le 3 novembre 1718, à l’âge de 39 ans, Marie-Thérèse Germain, fille de Jean Germain, seigneur de Houmart, échevin de la Haute Cour, mayeur de la Ville et Receveur du Domaine de Durbuy, et de Anne-Dieudonnée du Chaine (3).

Pierre-François de Nonancourt reçoit sa commission de prévôt de la Terre de Durbuy dès 1719, en remplacement d’Antoine-François de Cassal, seigneur de Soy, décédé. Cette année-là, ou début 1720, il achète, aux consort de Presseux qui ont des difficultés financières, la maison seigneuriale de Tohogne (4).

En 1722, il fait restaurer la vénérable demeure comme l’atteste la belle clé de voûte armoriée de l’ancienne porte cochère qui s’ouvre dans l’aile Est des bâtiments, côté jardin.

 Le corps de logis de la ferme-château</b><b> et une partie de</b><b>son aile droite (vue actuelle).
 
La ferme-château vue de l’arrière (à proximité de « La Fontaine »)
 

           Le corps de logis de la ferme-château et une partie de

son aile droite (vue actuelle).

 
           La ferme-château vue de l’arrière (à proximité de « La Fontaine »).
 

La pierre aux armes de Nonancourt que l’on croit perdue depuis bientôt cent ans, à cause d’une notice erronée du curé Deldef de Tohogne, reprise par Emile Tandel dans son ouvrage « Les communes luxembourgeoises » (1892), existe toujours bel et bien (5). Elle plastronne à son emplacement primitif, aujourd’hui peu accessible, à l’abri sous un appentis qui la dissimule aux regards. Ce n’est que grâce aux indications précises de M. Auguste Ninane, garde particulier habitant à quelques pas de la ferme et à la grande amabilité de M. François Rouxhet-Chariot, fermier, que nous avons pu la contempler, la photographier et la dessiner.

La pierre armoriée est parfaitement conservée et pour cause. Les motifs sculptés dans le calcaire très pur ont si bien gardé leur poli, qu’on croit se trouver en présence d’un marbre blanc empoussiéré. L’arcade de la porte cochère est d’ailleurs construite en blocs équarris du même calcaire mais dont la taille est plus grossière.

Clé de la voûte armoriée (dessin Joseph Bernard).

Clé de la voûte armoriée (dessin Joseph Bernard).

La clé de voûte porte deux ovales accolés, surmontés d’une couronne à neuf perles, et la date répartie de chaque côté de celle-ci : « 17 – 22 ».

Le premier blason, aux armes de Nonancourt, porte : « d’argent à trois coqs de sable, becqués, barbés, crêtés et membrés de gueules, les deux du chef affrontés » (6).

Le second qui est celui de l’épouse, porte : « de … à trois bandes de … ». Il est censé représenter les armes de Marie-Thérèse Germain, mais malgré nos recherches intensives, nous n’avons pu l’identifier.

De l’union de Pierre-François de Nonancourt, seigneur temporel de Pouilly et de Thionville, prévôt de Durbuy, et Marie-Thérèse Germain, naissent sept enfants (7) :

1. Jean-François-Joseph de Nonancourt, baptisé à Tohogne le 25 février 1720, ayant pour parrain son grand-père maternel Jean Germain, seigneur temporel de Houmart et Hermanne, et pour marraine sa tante Isabelle Martini, de Durbuy.

2. Marie-Joseph-Louise de Nonancourt, baptisée à Tohogne le 8 février 1721, ayant pour parrain : Joseph-Louis de Nonancourt.

3. Marie-Jeanne-Thérèse de Nonancourt, baptisée à Tohogne le 23 août 1722 (cérémonies supplétives), y décédée en avril 1724, à l’âge de deux ans et inhumée en l’église de Tohogne.

4. Marie-Thérèse-Joseph de Nonancourt, baptisée à Tohogne le 21 juillet 1725, y décédée le 4 avril 1729 et inhumée dans l’église de Tohogne.

5. Charles-Louis-Joseph de Nonancourt, baptisé à Tohogne le 10 janvier 1728.

6. Antoine-Joseph de Nonancourt, baptisé à Durbuy le 9 mars 1730, ayant pour parrain Monsieur de Cassal, seigneur de Ny, et pour marraine Marie-Isabelle Martini, « domina temporalis Houmar ».

7. Et son frère jumeau, mort-né, Charles-Joseph de Nonancourt, baptisé le 9 mars 1730, ayant pour parrain Charles Martini, mayeur de Durbuy, et pour marraine Madame de Ny née Dochain.

Le 17 août 1715, alors qu’il était encore célibataire et habitait Lignières, Pierre-François de Nonancourt avait relevé les biens fiefs de Lignières (Cour Féodale de Laroche), lui dévolus par succession de ses parents. Le 27 janvier 1718, année de son mariage avec Marie-Thérèse Germain de Durbuy, il avait relevé certains biens lui légués par son oncle Georges-Adrien de Nonancourt (8).

Chambre funéraire voûtée en plein cintre. A droite, emplacement où fut retrouvé le cercueil d’un enfant lors des fouilles de 1975.

Chambre funéraire voûtée en plein cintre. A droite, emplacement où fut retrouvé le cercueil d’un enfant lors des fouilles de 1975.

En avril 1724, suite au décès de son enfant Marie-Jeanne-Thérèse, âgée de deux ans, le Prévôt de Nonancourt, soucieux de ses prérogatives malgré son affliction, obtient gratuitement du curé Antoine Bourdon, l’autorisation d’inhumer sa fille « dans la nave » de l’église. Cette autorisation est confirmée le 1er octobre 1726 par Monseigneur Clerckx, archidiacre du Condroz, en visite à Tohogne, mais pour le temps que la fonction de prévôt restera à un membre de la famille, précisant que « … quand elle n’y sera plus », ladite famille devra payer un muid de rente à l’église pour ce droit de sépulture (9).

Ce sont vraisemblablement le cercueil et les restes de cet enfant que Madame J. Alenus-Lecerf, a découverts dans le caveau funéraire de l’église, lors de ses fouilles en 1975 (10).

Nous ne savons où fut enterrée dans l’église, une autre enfant, Marie-Thérèse-Joseph, décédée le 4 avril 1729. Par contre, l’année suivante, suite au décès d’un troisième enfant : Charles-Joseph, décédé mort-né le 9 mars 1730, frère jumeau d’Antoine-Joseph, le Prévôt de Nonancourt, en reconnaissance de l’autorisation lui accordée d’enterrer l’un de ses enfants « dans le chœur » de l’église de Tohogne, fait don à l’église de… « deux boëttes d’argent pour les saintes huiles ». Comme ces boîtes ne sont pas munies d’anneaux pour les manipuler, le vicaire François Davent fait une collecte qui permet au curé, non seulement de faire attacher les deux petites ampoules ensemble, mais en outre d’en faire fabriquer une troisième, également en argent. Pour remercier son vicaire, le curé fit graver son nom « Davent » sur la croix latine plantée au sommet du couvercle. Les deux premières boîtes ne portent aucune inscription hormis une croix gravée sur chaque couvercle (11).

S’il est magnanime en certaines occasions, le prévôt Pierre-François de Nonancourt entend néanmoins assurer ses privilèges et se faire respecter. Le jour de la Fête-Dieu 1738 (ou fête du Saint-Sacrement, instituée par le Pape Urbain IV en 1624), le fils de Nicolas Toussaint, de Tohogne, « … contre tous droits de prérogatives du seigneur de Nonancourt a devancé précipitamment la dame du prévôt pour aller baiser la patinne à la grand messe paroissiale ». Cet incident fait un tel scandale que le Prévôt, indigné, demande une réparation publique. Le coupable fait des excuses et promet de ne plus recommencer. Malgré cela, la Cour de Durbuy le condamne à deux florins d’or d’amende, applicables à la décoration de l’église (12).

Pierre-François de Nonancourt rend l’esprit à Tohogne, le 26 mai 1746 et est inhumé dans le chœur de l’église (13). Il a exercé les fonctions de prévôt de la Terre de Durbuy, pendant 27 ans, pour les comtes de Grobendoncq, seigneurs engagistes, puis pour les ducs d’Ursel, nouveaux propriétaires du château et de la Terre de Durbuy.

C’est un étranger au pays, J. Honoré de Portzheim, qui lui succède aux fonctions de prévôt de Durbuy (jusqu’en 1774). Le dernier prévôt sera François-Joseph-Ernest de Blier qui fonctionnera jusqu’en 1795.

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Au lendemain du décès de son père, Jean-François-Joseph de Nonancourt, petit-fils et filleul de Jean Germain, seigneur temporel de Houmart et Hermanne, est âgé de 26 ans. Il est « licencié es loix » ; il est résolu à faire valoir aussi bien son droit d’aînesse que le droit du sang.

Le 16 juillet 1749, en sa qualité de seigneur propriétaire de la justice de Houmart, il se présente devant la Cour dudit Houmart et réclame « … une déclaration judicielle et sermentalle… » du mayeur Jean Fornay, âgé de 70 ans. Ce dernier lui déclare avoir pleine connaissance, que depuis 1709, il a vu Charles Le Maréchal son prédécesseur, mayeur de ladite Cour, avoir le premier rang au banc du chœur de l’église de Tohogne, « … où la seigneurie de Houmart est paroissienne », et que ledit banc était situé du côté de septentrion (côté Nord). La Cour de Houmart entérine la déclaration (14).

Banc des seigneurs décimateurs photographié en 1974.

Banc des seigneurs décimateurs photographié en 1974.

Est-ce du fameux banc des décimateurs qu’il est ici question ? L’église de Tohogne conserve encore un banc en chêne dont la tablette d’appui porte gravée la mention suivante : « Ban des seigneurs décimateurs – 1728 ».

Ce qui est certain, c’est que Jean-François-Joseph de Nonancourt rend l’âme à Liège, en la Paroisse Saint-Etienne, le 9 août 1753.

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Le 4 juin 1766, Marie-Thérèse Germain, veuve du Prévôt de Nonancourt, relève les biens fiefs de Lignières (15). Elle en tient également à Tintigny (16). Elle meurt à Durbuy le 3 mars 1733 et est inhumée à Tohogne, auprès de son mari, dans le chœur de l’église.

A ce moment, il ne lui reste plus que deux enfants en vie : Marie-Joseph-Louise et Antoine-Joseph, l’autre fils Charles-Joseph étant prédécédé.

Madame de Nonancourt avait un frère aîné, Charles-Louis Germain, qui avait épousé Isabelle Martini, de Durbuy. En 1720, alors qu’il remplissait les fonctions de greffier à la Haute Cour à Durbuy, il avait succédé à Jean Germain son père, comme seigneur de Houmart et comme receveur de la Terre de Durbuy, avec des pouvoirs très étendus. Il possédait de nombreuses propriétés, notamment « une cense de 44 boniers à Tohogne, des terrains et des prairies en Mignée et à Grandhan, des taillis en Famine à Barvaux, les biens de la Tour à Houmart, de trois maisons, trois jardins et une houblonnière à Durbuy » (17).

Peu de temps avant son arrivée à Durbuy en 1726, le duc d’Ursel l’avait démit de ses fonctions au profit de Louis-Servais Dayeneux. Charles-Louis Germain était décédé à Durbuy quelques années après, le 15 avril 1738 (18).

Sa veuve, Isabelle Martini, était revenue à Durbuy, auprès de son frère Charles Martini, mayeur depuis 1724, « Haut-Voué de la Vouerie de La Fosse (Grandmenil) lui obvenue par testament de Charles Germain, son beau-frère », et qu’il avait relevée le 7 avril 1742 (19). Il était mort à Durbuy, le 8 décembre 1770, ne laissant aucun descendant direct (20).

Les de Nonancourt et les Martini furent les principaux bénéficiaires de la fortune des Germain.

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Lors du Dénombrement cadastral du Luxembourg, ordonné par l’Impératrice Marie-Thérèse d’Autriche en 1766 (Archives de l’Etat, Arlon, Tabelles des déclarations de Durbuy, n° 212), Antoine-Joseph de Nonancourt déclare qu’il… « perçoit une rente annuelle en emphiteuse de 10 écus hypothéquée sur des jardins situés au lieu-dit Aux Galères proche Durbuy : 50 verges » (n° 1, ta.).

Madame Louise-Joseph-Marie de Nonancourt, quant à elle, déclare posséder 50 verges de prairies (n° 41, tab.). D’autre part, elle perçoit une série de rentes foncières d’habitants de Durbuy, comme il appert des déclarations de ces derniers, à savoir :

– 10 escalins de Charles Martini, échevin de la Haute Cour et de sa sœur Delle Germain (n° 21, tab.).

– 2 escalins ½ de Jean-François Rasquin, échevin de la ville (n° 24, tab.).

– 1 écu de Lambert-Joseph Demblon, notaire et Procureur (n° 27, tab.).

– 10 sols de la veuve François-Joseph dit Saint Amand (n° 44, tab.).

– 4 escalins de Brice d’Ahelet, bourgeois (n° 46, tab.).

– 10 sous de la veuve Lambert Toussaint (n° 54, tab.).

– 5 escalins de François-Joseph Calatant, cordonnier (n° 65, tab.).

– 2 escalins ½ de Jean-François Blaise, bourgeois (n° 68, tab.).

– 5 escalins de Marie-Joseph Demblon (n° 72, tab.).

– 1 escalin de Mathieu Docquier, manœuvre (n° 74, tab.).

– 2 écus 5 sols d’Elisabeth-Josèphe Xhignesse, veuve Tirtia (n° 79, tab.).

– 1 écu 1 escalin de Jacques Henry, haut-sergent (n° 80, tab.).

Enfin, Sœur Isabelle de l’Assomption, supérieure des religieuses Récollectines du Couvent de Durbuy, signale que sur la totalité des biens qu’elle déclare pour le couvent, les religieuses doivent, outre à d’autres personnes, 2 écus 4 escalins de rente à Madame de Nonancourt (n° 4, tab.).

Le 30 janvier 1769, Antoine-Joseph de Nonancourt, dernier fils en vie du prévôt de Nonancourt et de Marie-Thérèse Germain, écuyer, seigneur haut-justicier en partie du Menil, échevin de la Haute Cour de Durbuy, résidant à Tohogne, relève les biens qu’il tient en fiefs mouvants de la Cour Féodale de Durbuy (21).

Le 22 décembre 1770, au nom de sa sœur Mademoiselle Marie-Joseph-Louise de Nonancourt, résidant également à Tohogne, dame haute-justicière en partie du Menil, il demande à la Haute Cour de Durbuy, ban et relief des biens, dont sa dite sœur a hérité de Charles Martini, mayeur de Durbuy, en vertu de son testament (22).

Le 26 janvier 1771, Mademoiselle de Nonancourt dénombre les biens fiefs lui légués par Charles Martini, sis à Heyd, ainsi que les biens qu’elle possède « … seule et à titre de gagère… dans le district de Warre » (23).

Le 9 février 1771, Antoine-Joseph de Nonancourt, demande ban et relief des biens de la seigneurie de Houmart, mouvants de la Cour de Durbuy, de même que d’autres biens fiefs lui appartenant, dont il se réserve de donner le dénombrement (24).

Le 31 mars 1772, il relève pour sa sœur les biens qu’elle possède de la mouvance de la Cour féodale de Durbuy (25). Elle possède en arrentement perpétuel (bail), le charruage de Tohogne pour lequel elle paye annuellement 5 muids d’épeautre et 5 muids d’avoine ; elle possède également avec d’autres personnes, le charruage de Herbet et le charruage de Warre (26).

Ancienne carte postale représentant la ferme-château.
 
Vente publique de matériel agricole à la ferme Wathy, vers 1918, orchestrée par Me Philippart de Durbuy.
 
           Ancienne carte postale représentant la ferme-château.
           Vente publique de matériel agricole à la ferme Wathy, vers 1918, orchestrée par Me Philippart de Durbuy.
 

Suite au décès de leur père, Antoine-Joseph de Nonancourt et sa sœur Marie-Joseph-Louise de Nonancourt relèvent, le 20 juillet 1774, les biens fiefs de Lignières (27).

Les de Nonancourt quittent Tohogne et s’installent à Durbuy dans une maison leur appartenant.

Antoine-Joseph de Nonancourt reste en relation très étroite avec la famille et est très sollicité. Le 4 mai 1778, il est parrain de baptême de François-Joseph-Antoine de Nonancourt, fils de Paul-Joseph-Charles de Nonancourt, seigneur de Mathon, résidant à Gérouville et de dame de Neunheuser (28). Le 15 février 1783, il est à nouveau parrain de baptême d’Antoine-Joseph-Gabriel de Prouvy, fils de Jean-Baptiste de Prouvy, écuyer, seigneur du Menil, ancien officier au service de S.M. Impériale et Reine Marie-Thérèse d’Autriche, et de dame Louise, comtesse de Saintignon, résidant à Breuvanne (29).

Le 2 avril 1788, Antoine de Nonancourt dénombre les biens de la seigneurie de Houmart qu’il tient en fiefs de la Cour Féodale de Durbuy (30).

En 1796, le Gouvernement français crée les cantons et organise dans ceux-ci des tribunaux de justice de paix, composés d’un juge et de deux assesseurs choisis parmi les notabilités du lieu. Antoine-Joseph de Nonancourt est désigné avec le docteur Georges Simonin et le notaire Philippe Dayeneux, comme assesseurs du juge Ernest de Blier (François Mersch est greffier) pour le Canton de Durbuy (31).

Le 14 Vendémiaire an VII (vendredi 5 octobre 1798), sa sœur Marie-Joseph-Louise de Nonancourt, âgée de 80 ans, s’éteint à 4 heures du matin, dans sa maison à Durbuy. Trois ans après, le 20 Brumaire an X (mercredi 11 novembre 1801), Antoine-Joseph de Nonancourt, rentier, célibataire, âgé de 71 ans, trépasse à 11 heures du matin, dans sa maison. Dame Francine Fourneau, sa servante, et Joseph Tahir, son domestique, déclarent le décès à l’Administration Municipale de Durbuy (32).

Comme le défunt n’a pas laissé d’héritiers descendant de lui, ni de frère ni de sœur, ni de père ni de mère, ni d’aïeul paternel, sa succession fait bientôt l’objet d’un litige entre les familles de Nonancourt et de Monin. Le juge de paix de Durbuy tient deux séances, les 27 Frimaire et 28 Pluviose an X (vendredi 18 décembre 1801 et mercredi 17 février 1802). Ne parvenant pas à concilier les parties, il les renvoie devant le tribunal de Première Instance, séant à Marche, et fait apposer les scellés. Le procès se termine à la Cour d’Appel à Liège, en l’an XII (1803) (32).

Ainsi disparaît le dernier représentant de la famille de Nonancourt de Tohogne. Il entre dans le Passé, comme vient de le faire l’Ancien Régime auquel il n’a guère survécut.

            Joseph BERNARD

(Etude parue dans le bulletin historique « Terre de Durbuy » n° 12, 1984)

Sources et notes

(1) E. Tandel – Les communes luxembourgeoises, Tome III, 1890, Généalogie des de Nonancourt intercalée entre les pages 944 et 945. – J. Rouhard-Chabot – Inventaires des archives de la Famille de Monin et de la famille de Ville de Goyet, Bruxelles, 1961, p. 22 et Tableau généalogique de la Famille de Monin, p. VI.

(2) J. Nicolas – Archives de la Famille de Monin-Rendeux (suite), dans Annales Inst. Archéol. du Luxembourg, 1932, T. 63, pp. 30-35. – J. Rouhard-Chabot – Op. cité, pp. 21 et 22, et Tableau généalogique, p. VII. – Nous constatons que E. Tandel, dans sa généalogie des Nonancourt (supra), fait naître erronément Pierre-François de Nonancourt de Salomon de Nonancourt, qui est en réalité son grand-père et omet Henri-François de Nonancourt, père dudit Pierre-François.

(3) Arch. Etat Saint-Hubert – Registre paroiss. et J. Rouhard-Chabot, op. cité 22.

(4) Arch. Etat Saint-Hubert – Registre aux Transports de la Haute Cour, 16 mars 1686 au 30 décembre 1698, Réalisations. – La Haute Cour délivre le 13 décembre 1687, un certificat de noblesse à Noël-Godefroid de Presseux, domicilié à Tohogne, ... « qu’attendu les travers de fortune que la coniuncture du temps auroit apporté à sa famille, il aurait résolu de tacher de s’esvertuer dans et par les études es paÿs circonvisins et étrangers et comme à cet effet lui pourroit être nécessaire une certification de son extraction et qualité de noblesse reconnue et approuvée dans cette terre de Durbuy es paÿs de Luxembourg ».

(5) La ferme appartient actuellement à Mme R. Haufroid-Tilman, d’Aywaille. – La note du Curé Deldef, reprise par Tandel (Tome V, p. 291) est erronée car, au XVIe siècle, la ferme, habitée par la famille de Presseux, n’appartenait évidemment pas à M. Haufroid. Elle appartenait aux Briffoz (XVe s.) et passa aux de Presseux par mariage de Marie Briffoz avec Godefroid dit Geutkin de Presseux, écuyer, échevin de Durbuy (XVIe s.) (E. Tandel, T.V., p. 292). - Ce bâtiment cadastré section C, n° 245 B de la Ville de Durbuy, 10e division : Tohogne, a été classé par Arrêté Royal du 6 février 1970 (Liste des Monuments et Sites classés au 31.12.1974 in Bull. trim. du Crédit Communal de Belgique, Suppl. au n° 111 de janvier 1975, p. 42).

(6) Baron de Ryckman de Betz – Armorial général de la noblesse belge, Dessain, Liège, 1957, p. 34. – Dr Jean-Claude Loutsch – Armorial du pays de Luxembourg, Luxembourg, 1974, p. 616.

(7) Registres paroissiaux de Tohogne. Extraits aimablement communiqués par M. le Curé R. Seron, peu avant son départ de Tohogne. – Registres paroissiaux de Durbuy aux Arch. Etat à Saint-Hubert. – E. Tandel, op. cité, semble avoir ignoré les arch. paroiss. de Tohogne, car il ne reprend que les deux enfants nés à Durbuy : Antoine-François et Louise.

(8) E. Tandel, op. cité, Tome V, p. 180.

(9) Arch. paroiss. de Tohogne.

(10) F. Alenus – Lecerf – Sondages dans l’église Saint-Martin de Tohogne, in Archaeologia Belgica, Conspectus MCMLXXV, Bruxelles, 1976, pp. 95 à 99.

(11) Arch. paroiss. de Tohogne.

(12) F. Pirotte – La Terre de Durbuy aux XVIIe et XVIIIe siècles, Centre Belge d’Histoire Rurale, publication n° 35, Liège-Louvain, 1974, pp. 55 et 124 note 102.

(13) Registres paroiss. de Tohogne.

(14) F. Pirotte, op. cité, p. 55.

(15) E. Liégeois – Notice historique sur la Seigneurie de Villemont, in A.I.A. Lux., T. 46, 1911, p. 88.

(16) E. Liégeois – Notice historique sur la Seigneurie de Villemont, in A.I.A. Lux., T. 46, 1911, p. 88.

(17) Arch. Etat Saint-Hubert, Durbuy, Ville et Franchise, rôles, 1686-1721, f° 112.

(18) Id. Reg. paroiss. de Durbuy (décès).

(19) Registre aux Reliefs du Château de Durbuy (30.07.1740 – 10.06.1786), f° 2 v° et 3.

(20) A.E. Saint-Hubert, Reg. paroiss. de Durbuy (décès).

(21) Reg. aux Reliefs du Château de Durbuy, op. cité, f° 128-128 v°.

(22) Id. op. cité, f° 135-135 v°.

(23) Id. op. cité, f° 136-136 v°.

(24) Id. op. cité, f° 137-137 v°.

(25) Id. op. cité, f° 143 v°, et Registre aux Dénombrements des Biens Fiefs situés en la Terre de Durbuy, relevant de la Cour Féodale du Château dudit Durbuy, 17 mai 1772-15 juin 1793, folios 91 à 94. (Arch. Etat Saint-Hubert).

(26) Comptes de la Seigneurie de Durbuy, année 1793 (incomplète).

(27) E. Tandel, op. cité, Tome V, p. 180.

(28) Id. Tome III, p. 159 et Tableau généalogique.

(29) Id. Tome III, p. 745.

(30) Registre des Dénombrements des fiefs, 1772-1793, op. cité, folios 91 à 94.

(31) H. Bourguigon – Marche-en-Famenne et sa région sous la domination française (1794-1814), Duculot, 1947, p. 92 et F. Pirotte, La Terre de Durbuy aux XVIIe et XVIIIe siècles, op. cité, p. 105.

(32) J. Rouhard – Chabot – Invent. des Arch. de la Famille de Monin et de la Famille de Ville de Goyet, op. cité, p. 22 et J. Nicolas – Arch. de la Famille de Monin-Rendeux, op. cité.

(*) Ferme en U du XVIIIe siècle en moellons de calcaire équarris, réaménagée sensiblement au XIXe siècle dans les dépendances. Ancienne maison seigneuriale, reconstruite par la famille de Nonancourt, dont les armoiries figurent encore sur l’entrée cochère qui est dissimulée sous un appentis situé côté Est. Au fond de la cour, beau logis à double corps de deux niveaux et cinq travées dont les quatre baies du rez-de-chaussée ont été remplacées par deux fenêtres larges au début du XIXe siècle. Porte à linteau droit sur montants harpés, que surmonte une baie d’imposte. Etage et les deux niveaux arrière éclairés par un rang de cinq petites fenêtres à linteau droit sur montants à queue de pierre. Chaînages d’angle. Corniche de pierre biseautée sur corbeaux à profil droit. Toiture d’ardoises à croupes et coyau, ajourée de deux lucarnes en bâtière. Perpendiculairement à droite, aile exhaussée et remaniée des étables sous fenil et de la grange. Les premières ouvertes par trois portes à linteau droit et montants à queue de pierre, dont deux remplacent des portes cintrées sur montants harpés, et une porte échancrée à clé sur montants analogues. La seconde desservie par un portail surbaissé sur montants harpés. Bâtière d’ardoises. Aile gauche transformée au XIXe siècle en ferme en long indépendante, comprenant dès lors un logis avec nouvelle façade de deux niveaux et demi et trois travées de baies à linteau droit, une étable sous fenil aux percements analogues. Bâtière d’ardoises. A droite, portail de grange surbaissé et harpé daté à la clé de 1818 au-dessus d’un cœur marqué d’une croix et bergerie s’ouvrant par un portail analogue. Bâtière de tuiles mécaniques rouges. (Le Patrimoine monumental de la Belgique, vol. 7, Prov. de Luxembourg, Arr. de Marche-en-Famenne, Pierre Mardaga éditeur, 1979.)














 

 

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EditRegion5 26/04/09